Un magnifique château bordelais

Le château du Bouilh se situe à Saint-André de Cubzac, en Gironde. Il est constitué d'un ensemble de bâtiments : pavillon d'honneur et communs disposés en hémicycle qui datent du XVIIIe siècle. L'architecte du château est Victor Louis qui y travailla de fin 1786 à 1789. Le château est classé Monument historique.

 

Les premières traces d'habitat en Cubzaguais remontent à l'époque magdalénienne (de 30 000 à 10 000 avant Jésus-Christ). On sait qu'à l'époque celte, il existait à Cubzac un oppidum, une enceinte fortifiée où les habitants se réfugiaient en cas de danger. C'est à l'époque gallo-romaine que le nom de Cubzac aurait trouvé son origine selon deux hypothèses. La première concerne une tribu de Bituriges Vivisques, les « Cubes » dont la région fut appelée par les Romains « Cubesacus » qui devint Cubzac et Cubzaguès. La deuxième s'appuie sur une villa, régissant les terres d'alentours au Ier siècle avant Jésus-Christ qui aurait appartenu à un certain « Cupitus » dont le nom aurait donné après des déformations successives « Cuptiacus » puis « Cubzac ».

 

Au VIIIe siècle apparaît sur le promontoire calcaire, le Château des Quatre Fils Aymon, auquel succéderont plusieurs châteaux, sièges des seigneurs du Cubzaguais jusqu'au XVIe siècle où Cubzac cédera la place de fief au château du Bouilh. La maison noble du Bouilh existait déjà en 1300 puisque l'on retrouve Milon du Bouilh qui rendait hommage en 1304 à l’archevêque de Bordeaux. À la suite d’une transaction, Charles d’Albret, comte de Dreux et de Gaure et captal de Buch, vendit la baronnie du Cubzaguais avec quelques autres fiefs à Bertrand de Montferrand, seigneur de Montferrand et de Veyrines. Le domaine est ensuite vendu en 1524 à Clinet de Lannes. Il est ensuite dans les mains de son gendre Charles de Durfort. Sylvie de Lannes épousa en 1654 à Gaspard de La Tour du Pin, seigneur de Chastelard, comte de Paulin.

 

 

 

 

La reconstruction du château

 

 

Le château du Bouilh appartient à Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet, comte de Paulin. Il était lieutenant-général des armées du roi en 1781. Le château à demi-ruiné du Bouilh ne pouvait convenir à un tel personnage auquel souriait de plus en plus la faveur royale, et comme un jour Jean-Frédéric de La Tour du Pin sollicitait Louis XVI de paraître dans sa province de Guyenne et celui-ci lui ayant répondu : « Mais il n’y a aucun château pour m’y recevoir ! », le maréchal de camp résolut d’offrir à son roi un séjour digne de lui.

 

Il se mit aussitôt en rapport avec l’architecte Victor Louis qui venait de doter Bordeaux de son Grand-Théâtre, objet de l’admiration générale. Les travaux de construction étaient en cours lorsque le seigneur du Cubzaguais fut nommé député aux Etats Généraux de 1789 par la noblesse de Saintonge et partit pour Paris où il fut nommé Ministre de la Guerre par Louis XVI. En cette période tourmentée, pour ne pas être suspecté d'utiliser les deniers de l'État, le ministre stoppa immédiatement la construction du château.

 

 

Un immense projet

 

 

 

Selon les plans de l'architecte Louis, le château du Bouilh devait se composer de deux vastes corps de logis reliés par une large galerie semi-elliptique. Seuls le corps de logis ouest et la galerie ont été terminés, le corps de logis est restant à l'état de projet. En effet, compromis trois ans après dans le procès de la reine Marie-Antoinette, Jean-Frédéric de La Tour du Pin fut confronté à elle, puis arrêté comme suspect et condamné à mort et guillotiné le 28 avril 1794.

 

Le château du Bouilh possède une fuie (pigeonnier) qui est le seul vestige de l'ancien manoir. De celui-ci, les informations sont très limitées. Il ne comprenait qu'un nombre restreint de pièces : une salle basse, un salle haute, quatre chambres, une cuisine, des cellules. Ce château était entouré de murailles et de douves franchies par un pont-levis. La fuie est de forme circulaire et son diamètre est de 12 mètres. Ses parois sont creusées de 1 200 logettes à pigeons.

 

Un vaste château d'eau de forme quadrangulaire percé de plusieurs portes s'étend sous une terrasse. Ce château d'eau est doté d'une machine hydraulique dont le réservoir à bascule permettait de faire monter les eaux dans un autre réservoir d'où elles se distribuaient par divers canaux.

 

Au centre de l'hémicycle formé par la galerie des communs, se trouve une chapelle néo-gothique où sont enterrés les propriétaires.

 

Derrière le château, les chais et les cuviers prennent place dans une carrière de pierre divisée en plusieurs pièces.

 

Le château est classé (ainsi que ses dépendances : la tour servant de pavillon d'entrée, le château d'eau, la fuie, les chais, le bâtiment des cuviers, la maison de l'Intendant, le parc et les jardins) Monument Historique par arrêté du 17 mars 1943.

 

 

La vente du château à la famille Hubert-Delisle

 

À la suite de ces événements, le château resta inachevé mais ne fut pas vendu comme propriété nationale. Sous la Restauration, l'héritier du marquis de La Tour du Pin, Frédéric-Séraphin, fut ambassadeur à Turin, ministre de la France à La Haye. Il meurt en 1837. Il vendit le château en 1835 à un créole réunionnais Florentin Hubert de Montfleury.

 

Son fils est Henri Hubert-Delisle qui fut gouverneur de l'île de La Réunion puis sénateur sous l'Empire. En 1864, Noéline Hubert Delisle épousa Édouard de Feuilhade de Chauvin. Le château du Bouilh appartient aujourd'hui à leurs descendants.

 

 

Décor de film

 

Le château du Bouilh a servi de décor à plusieurs films, dont "La Maison des Rocheville" en 2010, "Monsieur Léon" en 2006 et "la Cousine Bette" en 1996.

 

 

Sources

  • mail : bouilh33@gmail.com